Le premier retable restaurée est présenté au public
L’église de Saint-Julien-le-Pauvre, datant du XIe siècle, abrite des œuvres d’art nécessitant une rénovation. Aujourd’hui, l’un des trois retables en terre cuite de l’église a retrouvé son emplacement après une restauration minutieuse, et a été dévoilé au public lors des Journées Européennes du Patrimoine. Valérie Thuleau, restauratrice d’art, a accepté de présenter cette œuvre sur laquelle elle a travaillé. Près de soixante personnes sont venues assister à l’une des trois présentations proposées, témoignant de l’intérêt suscité par cette œuvre historique.
La petite église classée monument historique en 1908, abrite trois retables qui avaient été recouverts de badigeon blanc au XIXe siècle, masquant leurs polychromies d’origine. Sylviane Sissino, présidente de l’association des Amis de l’église, explique : « Ces retables témoignent de l’art manceau, et nous sommes ravis de les voir reprendre vie. »
Le retable de la mise au tombeau, pièce située dans le transept gauche, avait quitté l’église en septembre 2023 pour les ateliers de Valérie Thuleau à Angers et de Mme Gouret à Tours. Sa restauration engagée par la mairie propriétaire, a notamment été financé par un prix décerné par la Fondation pour la sauvegarde de l’art français, mais également du mécénat et des subventions de la part de la Direction Régionale des Affaires Culturelles et le conseil Départemental de la Sarthe. Ce projet a permis de révéler des détails oubliés, comme des traces d’émail vert sur la figure de Joseph d’Arimathie, caractéristiques de l’art du Maine du XIVe siècle.
Lors des travaux, chaque personnage a été soigneusement étudié : évidé et percé pour assurer une cuisson parfaite lors de sa création, chaque sculpture porte les traces des outils et même des empreintes des artistes. Valérie Thuleau se souvient : « L’émotion était palpable en découvrant ces marques laissées par les modeleurs. » Sous la supervision de Pauline Ducom, conservatrice des Monuments historiques, chaque fissure, cassure ou manque a fait l’objet de décisions précises quant aux techniques de restauration. Le badigeon blanc a été retiré avec précision, centimètre par centimètre, parfois à l’aide de gel à l’eau, afin d’éviter tout risque d’exposition aux particules de plomb.
Après plusieurs étapes minutieuses, le retable a retrouvé ses couleurs d’origine. Certaines traces, comme le bleu du drapé de la Sainte Femme, laissent encore deviner un rouge sous-jacent, rappelant les repeints successifs. La restauration a également permis de rendre ces pièces démontables, facilitant d’éventuels prêts pour des expositions futures.
Le Maire, Vincent Hulot, pleinement impliqué dans cette belle aventure, ne compte pas en rester là, « Le prochain chantier de restauration concernera le retable de la Nativité, prévu pour débuter en octobre et dont le financement est déjà assuré ». Contrairement au retable de la mise au tombeau, cette œuvre ne pourra être déplacée et sera restaurée sur place, poursuivant ainsi la sauvegarde du patrimoine exceptionnel de l’église de Saint-Julien-le-Pauvre.