Le Patrimoine Classé
I- L’ÉGLISE ET LES CIMETIÈRES
A- L’EGLISE
A quelle époque remonte la construction de l’église actuelle ?
Le tirant, qui existait au chevet de l’église, et a été supprimé lors de la démolition de la flèche sur le chœur en 1889, portait l’inscription de l’année 1567. Dans l’ancien grand vitrail du transept nord était en- chassé un cartouche ainsi conçu : « Discret maître Pierre Tessier, prêtre natif de cette paroisse a donné cette vitre l’an 1581. Orare pro eo ». Au-dessus de la grande porte, ainsi que sur un carré d’enduit extérieur en face de l’autel de la Vierge, figure la date de 1766. Sur le tirant de l’arcade triomphale on lit : NORCS 1792.
La nef a été refaite par pied, dit Le Paige, en 1766. Les comptes de la fabrique comportent à cette époque l’achat de bois, 431 livres, pour réfection de lambris. Quant au chœur il peut remonter à 200 ans plus tôt, comme l’indiquent les inscriptions ci-dessus.
Les deux autels latéraux de style ionien sont du XVIIe siècle ; dans le fronton de l’autel de N.-D. du Mont-carmel, une remarquable statue en terre cuite de la Vierge, tenant sur le bras l’Enfant-jésus qui bénit. Au-dessus de l’autel de St Sébastien, un curieux bas relief en pierre, provenant d’un ancien rétablie, du commencement du XVIe siècle, représente trois scènes différentes : au centre, le Christ, couronné d’épines, expire suspendu par trois clous à la croix, au pied de laquelle sont la Vierge, une Sainte femme et St Jean ; à droite Notre-seigneur drapé dans un long manteau sort du sépulcre, près duquel quatre gardes, habillés en chevaliers du temps, morion en tête, bouclier au bras, dont deux dorment et deux saisissent leurs armes ; à gauche Jésus-Christ, descend aux enfers pour en retirer les âmes justes, il tend la main à un homme nu à grande barbe et à une femme, pour les arracher à la gueule, démesurément ouverte, d’un monstre qui représente l’enfer, d’autres petites âmes apparaissent au fond de la gueule. Sur cette importante pièce de sculpture repose une statue de Ste Barbe, au pied d’une tour, œuvre de la même époque.
Dans une niche extérieure du mur de la nef, sous le clocher, est une Vierge en pierre, debout, aux longs cheveux, portant l’Enfant-jésus. On l’attribue au XIVe siècle, ainsi que les fonts baptismaux, octogones, adroitement taillés dans un gros bloc de pierre, avec sur chaque face des lancettes ogivales, qui reposent sous la Vierge.
En 1779, le curé et les habitants de Bernay demandèrent au prieur de la Couture du Mans en sa qualité de gros décimateur, l’autorisation d’élever un nouveau maître autel, à la place de l’ancien qui tombait en ruine, et de l’adosser au pignon du chœur. La permission fut accordée le 17 mars 1780 associations
Le curé, André Launay, avait déjà fait marché, pour la construction du rétablie, avec René Anuche, sculpteur en marbre, de Sablé, qui devait, moyennant 900 livres, fournir un autel : « dont le corps en marbre noir bien veiné, le dessus jusque sous l’appui en marbre d’Asnières, son socle pareillement ; son support ou console de cinq pouces de largeur, ainsi que son couronnement en marbre blanc, le dit autel aura sept pieds six pouces de longueur sur trois pieds trois pouces de hauteur, pour ornement une guirlande, les rubans en marbres blanc, le Saint-esprit à demi vol, aussi en marbre blanc, quatre colonnes en marbre noir, du plus veiné, de chacune sept pieds dix pouces de hauteur, deux plaques pour les corps des pieds d’estaux, de un pied et demi de large sur deux de hauteur, deux tables en marbre d’Asnières, de trois pieds de long sur un pied huit pouces de large.
VUE DU BOURG ET DU VIEUX CLOCHER
église avant 1918 sans son clocher
CONSTRUCTION DU CLOCHER DE 1914- 1918
Le tabernacle aura deux pieds huit pouces en bas, c’est-à-dire au socle, pour ornement le principal corps en marbre noir, le milieu en rond de marbre, les fonds ayant même uniforme de deux pieds et demi d’ovale sur deux pieds neuf pouces de haut, y compris les pieds ».
La partie architecturale, en pierre, est de Jean Pancher, maçon à Tennie, qui d’engage pour 300 livres à démolir l’ancien rétablie, à creuser et asseoir : « les fondations du nouveau en moellon ainsi que l’emmarchement de l’autel, la taille et pose de tout le soubassement, jusque sous les bases des colonnes en pierre de Bernay, et la taille et pose, en pierre de Bourré, de tout le corps de l’autel ».
Le rétablie est orné de deux statues en terre cuite de St Pierre et St Paul, patrons de la paroisse, et d’un tableau représentant St Pierre aux Liens, donné par le curé Launay, à qui il aurait coûté plus de 1 800 livres, sans compter l’achat du cadre. Les dorures furent également exécutées à ses frais.
Sur l’ancien lambris du chœur existaient quelques peintures décoratives : les symboles des quatre Évangélistes, les armoiries des familles du Bouchet de Sourches, du Bouchet de Mondragon, de Broc, Thébaudin de Bordigné.
A droite de la grande porte, engravée dans le mur, est une croix de pierre sur laquelle on lit : « Cy gist le corps de vénérable et discret Mre R. P. Gaugain, curé de cette paroisse, décédée le 31 mai 1777. Priez Dieu pour lui ».
En face de l’église reste une croix en pierre de l’ancien cimetière, datant du XVIe siècle, avec, sur sa base, une tête de mort, une chouette, et en tête, une paire de ciseaux gravés en creux.
Le 13 février 1791, la municipalité vote des réparations nécessaires aux chœur et chancel de l’église. Il s’agit de redresser la masse du maître autel qui n’était pas de niveau et trop avancé dans le chœur, de faire l’emmarchement en pierre de taille, paver le sanctuaire, la sacristie, le chœur. Ces travaux sont adjugés à Brice Launay, frère du curé, en concurrence avec Joseph Pancher et Pierre Gilbert. La réfection des stalles du chœur est également décidée, et exécutée en 1792.
Il existait un Christ entre les stalles du curé et du vicaire, mais ce Christ ayant été brisé, la municipalité prit, sur le rapport de René Jardin, le 2 février 1792, la décision de le remplacer, et obtint des administrateurs du district, qui disposaient d’objets religieux provenant d’édifices désaffectés, le Christ en bois peint, actuellement fixé au tirant de l’arc triomphal ; ce Christ proviendrait d’une église ou chapelle des environs de Sillé, on a cité Pezé-le-Robert ou plus vraisemblablement l’abbaye de Champagne.
Il y avait aussi une table de communion en fer forgé, qui disparut à la même époque, et fut remplacée par celle en bois actuelle.
Au cours du XVIIIE siècle, les cloches ont été remplacées plusieurs fois, par les fondeurs : Beaudouin, en 1717, Rigueur en 1720, Marquis en 1776, cette dernière pesait 258 livres.
Le 29 octobre 1820, le baron de Bordigné fait donation, devant maître Lefeuvre, notaire, de l’église à la commune de Bernay, aux conditions suivantes : « l’église, estimée 600 fr., devra toujours servir à l’exercice du culte, sous peine de révocation de la donation ; réserve à titre gratuit du banc que le donateur occupe, le premier en face de la chaire, du deuxième banc derrière, pour ses domestiques, d’une stalle à son choix dans le chœur ; annuellement une messe chantée le 7 janvier ou le lendemain pour sa famille ; une autre, précédée de matines, le 13 février ou le lendemain pour le repos de l’âme de Mgr le duc de Berry, et chants des litanies de la Ste Vierge, à ses principales fêtes, pour la famille de Bordigné
Le 25 avril 1841, la fabrique ordonne l’achèvement de la contre table du grand autel. Les peintures, par Legendre, coûtent 760 fr. En 1845, fut démoli le balai, ou abri, qui existait devant la grande porte, les matériaux servirent à construire une buanderie au presbytère.
Le 9 octobre 1859, la commune envisage la construction d’un beffroi neuf. Le vendredi saint précédent, pendant l’office des ténèbres, la foudre était tombée sur le clocher, un globe de feu descendant de la voûte au milieu du chœur, au-dessus de la tête du prêtre et des chantres, avait roulé le long de la nef et disparu sous la grande porte.
A la suite de cet accident, le clocher avait été réparé et muni d’un paratonnerre ; le 11 septembre avait eu lieu le baptême solennel des cloches actuelles, fondues par MM. Bollée, père et fils. La grosse cloche donne le la bémol, elle porte l’inscription suivante : « Je suis Marie Marguerite Louise, nommée par Louis, vicomte de Fay de Danisy, et par Mlle Marie Marguerite Louise Baronne de Bordigné, représentée par M. Clément Vincent Landrin, avocat, notaire à la Fère. J’ai été bénite par M. André-Louis Besnier, curé de Bernay ». La petite cloche donne le si bémol. L’inscription porte : « Je suis Armandine, ainsi nommée par le conseil de fabrique, en mémoire de M. Armand, baron de Bordigné, bienfaiteur de la paroisse. J’ai été bénite par M. André Besnier, curé de Bernay ».
Le 25 juillet 1875, le conseil de fabrique envisage divers projets : la construction d’une tour avec flèche du même type que celle existant, dans le prolongement de la nef, la réfection des lambris du chœur et chapelles, la construction d’une sacristie dans l’angle nord, là précisément où est la nouvelle sacristie.
C’est le 7 octobre 1887 que fut décidée, sur l’avis de M. Vérité, architecte, la démolition du clocher, qui penche de plus en plus et constitue un danger. Les travaux sont pris par M. Renaud, entrepreneur au Mans, et rapidement exécutés. La gracieuse flèche, qui avait fait l’admiration de tant de générations, a disparu ; l’église est recouverte, les lambris des voûtes refaits, les cloches suspendues dans un beffroi provisoire, devant la grande porte ; mais l’intérieur de l’édifice est dans un état de délabrement lamentable.
M. le comte de Ruillé, maire, voulant que l’église soit propre et décente, me charge de faire exécuter à ses frais les travaux nécessaires. Avec le concours de Louis Davoust, maître maçon à Bernay, les enduits sont refaits le chœur entre les stalles pavé, le retable du maître autel consolidé par des scellements reliant la corniche supérieure au pignon ; les retables des autels latéraux, la statue de Ste Barbe sont grattés, nettoyés, débarrassés d’une couche épaisse de blanc de chaux qui les recouvrait, ainsi que le lambris de la nef, qui est passé à l’huile. Des moulures sont posées, pour dissimuler les défauts de la retombée des voûtes sur les murs. Une massive échelle de bois, près de la petite porte, montait à la voûte pour desservir une horloge, qui existait autrefois, avec son cadran au pignon du transept sud, et de lourds poids en pierre, qui pendaient sur la tête des fidèles dans la chapelle St-Sébastien ; cette échelle est remplacée par les quelques gradins de fer actuels permettant l’accès à la voûte.
Ces travaux ont monté : pour la commune et la fabrique à 6 320 de.fr., pour M. le comte de Ruillé à 1 950 fr.
En 1912, M. le chanoine Cosson, attaché par son ministère au diocèse de Paris, mais par ses origines à la paroisse de Bernay, entreprend la restauration de la chapelle St-Sébastien. Un autel de style Louis XVI remplace l’ancien ; dans le retable un haut-relief, ne valant pas moins de 3 500 fr., prend la place d’un tableau acquis autrefois par M. le curé Montagne pour 225 fr. Le dallage est refait, une grille en fer forgé entoure l’autel, des bancs meublent la chapelle, la dépense s’élève à 6 000 fr.
Une affiche avait été placardée, offrant 20 000 fr., à qui retrouverait le tableau de St-Sébastien, soit disant disparu. Un grave fonctionnaire fut expédié à Bernay, pour enquêter à ce sujet. Le tableau était au presbytère, en attendant de pouvoir être replacé dans l’église. Les rieurs ne furent pas du côté du grotesque dénonciateur ni de la naïve administration.
En 1913 c’est la sacristie qui sollicite l’attention de M. le chanoine Cosson, et quand elle est construite il la dote de beaux et vastes meubles. Il fait également restaurer le tabernacle du maître autel.
Mais l’église est toujours sans clocher. M. l’abbé Cormier, alors curé de Bernay, prend, avec l’appui de M. Cosson, l’initiative d’une souscription publique. Approuvée par le conseil paroissial, elle est ouverte le 14 septembre. Un livre d’or conservera les noms des donateurs. Mais il ne se trouve dans la région aucun entrepreneur pour prendre le travail. C’est à Paris que M. Cosson rencontre l’homme qui, malgré ses nombreuses et importantes entreprises, consentira à se charger de notre clocher.
Des difficultés d’ordre administratif surgissent. M. Cosson s’engage à couvrir les risques de la construction ; l’entrepreneur, M. Gustin Goichot, met en œuvre sur les plans de M. Charrrié, architecte.
Hélas nous sommes en 1914 ! La guerre éclate alors que les fondations sortent à peine de terre. Cependant les travaux interrompus reprennent en 1915, et le mardi 20 juillet a lieu solennellement la pose de la première pierre, en présence de : M. le comte de Ruillé, maire, Mme la comtesse de Ruillé, M. le chanoine Cosson, Mme Minier, M. Olivier, notaire, M. l’abbé Coutelle, curé de Ruillé, M. le docteur comte de Trolong du Rumain, M. l’abbé Bourdin, curé de Neuvy, M. l’abbé Galloyer, curé de St Symphorien, et une nombreuse assistance.
Un procès verbal est scellé dans la pierre.
De nouveau les travaux sont interrompus par la carence du tailleur de pierre. M. Goichot, obéissant à la généreuse pensée d’élever, quoiqu’il puisse lui coûter, notre clocher, au moment même où tant d’autres tombent en France, envoie, de Paris, une équipe de tailleurs de pierre. Les travaux reprennent, la tour, en marbre du Rocher de Ruillé, est, sous l’active direction du contremaître Touny, achevée le 15 avril 1916. Un mois après, les cimentiers de la maison Dumesnil de Paris commencent la flèche, qui est terminée le 25 août : la galerie couverte et la tribune sont édifiées en même temps, par les mêmes entrepreneurs. Le montant de ces travaux s’est élevé à 62 915 fr.
Le 8 septembre M. Bollée monte les cloches dans le beffroi qu’il leur a préparé.
Le 29 avril 1917 le conseil paroissial offre en remerciement, à M. le chanoine Cosson, la gratuité d’un banc dans la chapelle St-Sébastien. L’horloge, qui a sonné sa première heure le 25 juin 1917, est due aussi à l’initiative de M. cosson, secondé par quelques autres donateurs. Elle a coûté 2 900 fr.
Le 17 août 1919 a lieu, en une belle fête, la bénédiction du clocher par Mgr Grente, évêque du Mans.
Les beaux vitraux, qui ont remplacé les anciennes verrières blanches, sont une imitation d’œuvres du XIIIe siècle. Ils ont été donnés par M. Cosson, posés en février 1925, et bénis, le 16 août suivant, par Mgr Grente.
Le dallage de la chapelle de la Vierge, récemment refait, a remplacé de larges pierres, dont une importante dalle tombale, sur laquelle existaient encore quelques traces illisibles d’inscription.
De nombreuses inhumations ont eu lieu autrefois dans l’église de Bernay, pas moins de quatre-vingt entre 1690 et 1780, inhumations de prêtres et de notables habitants, et même de deux tout jeunes enfants de la maison de Bordigné : le 18 août 1719, Marie Renée Françoise, bébé de cinq jours, le 8 septembre 1773, Marie-Françoise Julie, âgée de deux mois.
B- LES CIMETIERES
Le petit cimetière entourant l’église a du s’étendre, dans les temps reculés, jusque dans l’emplacement où fut construite l’auberge de la Tête Noire ; on y a en effet découvert des ossements. Au cours des travaux de construction du clocher et de la nouvelle sacristie, on a trouvé de nombreux squelettes, si proches lus uns des autres que les tombes devaient se toucher, et ensevelis à une faible profondeur. La dernière inhumation qui fut faite dans le petit cimetière, paraît être celle de François Leturmy, le 1er septembre 1779. Depuis quelques années le nombre augmentait des inhumations dans le grand cimetière jusque-là rarement utilisé, bien que créé vraisemblablement à l’époque de la construction de la chapelle Ste-Anne.
La croix centrale du cimetière est en pierre de Bernay. Le pied est long, taillé à 8 pans, la tête et les bras ornés de palmes avec l’inscription « O Crux Ave » ; cette croix repose sur un socle en pierre, d’un seul bloc grossièrement taillé. Elle doit remonter à l’âge de la chapelle.
Nos pères désignaient ces croix de cimetière sous le nom de : Croix Boissées. L’origine en est de : « cruce buxata » croix ornée de buis. Dans l’ouest de la France l’usage est d’orner les croix avec des guirlandes de buis le jour des Rameaux. On dit dans la Manekine de Beaumanoir « Droit le jour de Pasques fleuries, qu’en mains lieus sont les croix boissies ». Des noms comme Boëssé-le-Sec, Bouessay (Mayenne), viennent de « Buxetum ou Buxatum », lieu où se trouvent des buis. On trouve écrit dès l’an 1010 « Pars Buxedi », au XIe siècle : « de Buxiaco », en 1297, « de Boisseio ».
Les monuments aux morts de la grande guerre, tant à l’église que dans le cimetière, ont été élevés en 1919 par souscription publique.
II- LA CHAPELLE St ANNE
La chapelle Ste-Anne a été construite, disent des historiens, par un curé, Broustin, en 1511. L’unique tirant actuel porte une inscription qui paraît bien être 1552. Avant la révolution on y disait une messe par semaine, entre Pâques et la Toussaint. Au cours des siècles la chapelle a du être remaniée, peut-être réduite en longueur. Il y avait trois tirants, un seul reste. Elle contient un autel constitué d’une belle dalle de pierre d’un seul bloc, sur massif en maçonnerie. Trois pierres tombales portent les inscriptions suivantes :
« Ci-gist le corps de défunct Jean Liberge, lequel décéda la nuit de Noël de l’an 1646, ensemble le corps de défuncte Anne Liberge ».
« Ici repose le corps de M. F. M. Lefort, Curé de Bernay, fils de L. Lefort et de Y. Moisson, natif d’Ernée, le 26 février 1758, décédé le 30 avril 1824 ».
« Ci-Gît le corps de vénérable Mre Julien Bruneau, curé de cette paroisse, décédé le 9 mai 1817 à l’âge de soixante-quatorze ans ».
Qui étaient ces Jean et Anne Liberge, cette dernière enterrée avant Jean, le 28 mai 1641 ? Sans doute les membres d’une famille notable du pays. Dans les premières années du XVIIe siècle, on voit plusieurs fois des Liberge parrains et marraines, notamment dans des baptêmes d’enfants jumeaux.
chapelle sainte Anne
chapelle Ste Anne 2001
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Faut-il voir en eux les ascendants d’une famille Liberge, très connue au Mans au XVIIIE siècle ? Une Anne Li berge, fille d’un Jean Liberge, sieur des Ferronnières, avocat au parlement, épousait le 15 novembre 1719 Nicolas Trotté, avocat ; toujours mêmes prénoms.
D’autres inhumations ont eu lieu dans cette chapelle sans inscriptions qui les révèlent. Sur la cloche du campanile est écrit : « Niepcron, procureur de l’église de Bernay 1657 ».
Au-dessus de la porte figure la date de 1824, indiquant peut-être la dernière restauration faite. Le 24 octobre 1830 la municipalité décrétait l’abat de deux marronniers nuisant à la conservation de l’édifice. On y célébrait encore la messe vers 1850, à certains jours de l’année, et on y allait en procession.
Pour tout mobilier et ornement il reste dans cette chapelle quelques statues et fragments de pierres sculptées : une statue de Saint Jean-Baptiste tenant sur son bras plié un petit agneau brisé, statue en pierre qui peut être du seixième siècle ou même antérieure ; un groupe en terre cuite de Sainte Anne et la Vierge, datant vraisemblablement du XVIe ou XVIIe siècle, cette œuvre a été réparée, la tête de Sainte Anne et de la Vierge sont aujourd’hui en plâtre ; une autre belle statue en pierre d’un évêque mitré, pouvant dater du XVIIe ou XVIIIE siècle ; une curieuse pierre, des mêmes époques, très rustiquement taillée en forme de niche, et abritant le demi-corps de Sainte-Appolline, dont le nom figure en bas ; enfin une tête mitrée, en pierre, d’évêque.
III- LE LAVOIR
IV- LES CARRIÈRES DE BERNAY
Une gracieuse légende raconte que St Julien, premier évêque du Mans, faisant transporter de la pierre, sans doute pour la construction de la première cathédrale, les lourds chariots, attelés de bœufs, roulaient péniblement par les chemins défoncés. Ils passaient en un lieu où de nombreux rossignols chantaient, comme aujourd’hui : « su su su tui tui tui tui ». Entendant « su su » les bœufs s’arrêtèrent, et pour repartir, il fallait de tels efforts, qu’un jour le pied d’un bœuf s’incrusta dans une grosse pierre, qu’on voit encore « Au Pas » à St-Julien-en-Champagne. Alors St Julien dit aux rossignols : « Puisque vous arrêtez ainsi mes bœufs, vous ne chanterez plus que la nuit » ; et depuis ce jour les rossignols attendent la nuit pour chanter.
Il reste de cette légende que déjà, peut-être, la pierre de Bernay était exploitée et charroyée pour les constructions de la ville.
Nos derniers carriers désignaient ainsi les divers bancs de pierre, superposés dans leurs carrières : sous une couche argileuse, variant de 2 à 7 mètres d’épaisseur, premier banc roux d’environ 22 centimètres ; une couche d’argile de 30 cm., deuxième banc roux de 50 à 60 cm. ; troisième banc roux de 1 m. ; quatrième banc blanc de 35 à 40 cm., se délattant au choc, et donnant le banc délit de 15 cm., et le banc croûte de 20 à 25 cm. ; cinquième banc blanc, dit banc dur de 30 cm. ; sixième banc blanc, dit gros banc de 75 à 80 cm., contenant des fossiles ; enfin le banc, dit cosaque, parce qu’impossible à travailler, de nombreux noyaux très durs émoussant les outils. L’assise de ces bancs est horizontale et régulière d’épaisseur, calcaire oolithique de formation sédimentaire stratifiée.
Au contraire le grès des Bourrelleries est en couches irrégulières, inclinées nord-est sud-est, mélangées au sol, indiquant une origine éruptive.
Une excavation, dans le champ de la Croix de la ferme des Iles, est la dernière tentative d’ouverture d’une carrière, faite lors de la construction de la gare du Mans, puis aussitôt abandonnée.
La pierre de Bernay fut utilisée dans de nombreuses et importantes constructions, parmi lesquelles on peut citer : au moyen âge, XIe siècle, les églises de Neuvy, de N.-D. du Pré ; au XIIe et XIIIe siècles, la nef de l’église de N.-D. de la Couture, le chœur, les transepts de l’église cathédrale, l’abbaye de l’Epau ; au XVe siècle les escaliers en vis des vieux logis de la Renaissance, les cheminées de la maison dite de la reine Bérengère et au XVIe siècle la maison dite d’Adam et Eve sises Grande-Rue, au Mans ; à la même époque l’église de Ste-Suzanne ; au XVIIe siècle la salle des piliers de l’abbaye de St-Vincent du Mans ; au XVIIIe siècle, le château de Sourches.
D’après Le Paige, il y avait avant la révolution à Bernay : « deux fameuses carrières de pierre de taille, l’une appartenant à M. le marquis de Sourches, l’autre à M. Thébaudin de Bordigné ». La première n’est, dit-il, exploitée aujourd’hui (1777) que pour la bâtisse du château de Sourches, à laquelle on travaille depuis plusieurs années, la seconde est affermée ; les pereyeurs y travaillent l’hiver et le printemps, les pierres qu’on en tire se voiturent surtout au Mans. Il y a quelques bois-taillis, dont le plus considérable est celui de Bordigné, qui contient 10 journaux, c’est dans ce taillis qu’est la carrière de Bordigné, dont on vient de parler. A côté de ce taillis il y a plus de 30 journaux de terres incultes, qu’on nomme les caves, dont on a tiré anciennement des quantités immenses de pierre de taille ».
Après la guerre de 1870, les beaux immeubles du boulevard Négrier, au Mans, le clocher de l’église du Pré (1878-1885) furent édifiés en pierre de Bernay. Enfin le clocher de Bernay, récemment construit, était prévu en pierre de nos carrières. C’est, sur le refus de l’exploitant, qu’il fallut recourir à d’autres matériaux.
Il y eut à une certaine époque, paraît-il, jusqu’à sept carrières en activité à Bernay.
Quelques noms de « pereyeurs » et tailleurs de pierre nous sont parvenus. En 1462 : Guillaume Mahot « maczon » à Bernay ; dans le courant du XVIIIe siècle : Jacques Bouvet, Jacques Hubert, Luc Bouvet, Claude Hubert, Pierre Brossard, Pierre Tricot, Louis Gasnié, de St Symphorien, Pierre Mazettier dit la Rose, venu du Limousin, appareilleur au château de Sourches, François Marget, Jean Pancher, de Tennie.
En 1842, un habile tailleur de pierre et sculpteur, nommé Gilbert, exécutait la décoration du pignon sud du château de Bordigné.
Nos derniers maîtres carriers furent : les frères Delouche, René Anjubault, qui réouvrit une carrière aux Caves, Julien Clinchant et Louis Clinchant, son fils. Julien Clinchant avait ouvert, vers le milieu du siècle dernier, la carrière qui existe encore près du bois de la Fabrique, sur le territoire de Ruillé.
La carrière, signalée par Le Paige dans les taillis de Bordigné, était desservie par une avenue à travers bois tombant perpendiculairement sur le chemin de Bernay à St Symphorien.
Son dernier exploitant fut Gilbert et peut-être Delouche père. Les Delouche l’abandonnèrent vers le milieu du siècle dernier, pour ouvrir une autre carrière, aujourd’hui également abandonnée, dans le bois de la Fabrique.