11 juin 2015

Inauguration des nouvelles stèles des sépultures des 3 prisonniers français musulmans d’origine algérienne.

Discours prononcé le 8 mai 2015 par le maire Vincent Hulot, lors de la cérémonie d’inauguration des nouvelles stèles des sépultures des 3 prisonniers français musulmans d’origine algérienne, fusillés le 3 septembre 1941 à Bernay-en-Champagne.

Mesdames, Messieurs les maire des communes voisines,

Monsieur le Curé de Conlie,

Monsieur le représentant de la gendarmerie,

Messieurs les porte-drapeaux et anciens combattants,

Messieurs les pompiers,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Vincent Hulot, lors de l’inauguration des stèles musulmanes

C’est un moment, particulièrement émouvant qui nous réunit ce matin, non seulement pour ceux qui ont été contemporains de la période de l’occupation allemande, mais également pour nous tous qui accomplissons ici un devoir de mémoire.

De quoi s’agit-il plus précisément? Hé bien, de saluer la mémoire de 3 soldats de l’armée française, d’origine algérienne et de confession musulmane, qui ont combattu en mai 1940, pour tenter d’arrêter les troupes d’invasion allemande qui menaçaient la France.

La suite nous la connaissons malheureusement: C’est la capitulation du 22 juin 40 avec ses 1 million et demi de prisonniers français. Parmi eux se trouvaient les soldats appartenant aux régiments indigènes d’Afrique noire et d’Afrique du nord.

C’est au cours de cette période douloureuse des premiers temps de l’occupation allemande, que notre commune de Bernay-en-champagne, s’est vue devoir accueillir un camp d’une cinquantaine de prisonniers Algériens sous l’égide d’une unité militaire allemande. Ce camp se trouvait stationné à la sortie du bourg sur la route de Neuvy, sur les terrains de l’actuelle propriété FERARD.

Aujourd’hui, nous inaugurons au cours de cette cérémonie, les stèles de 3 de ces prisonniers qui furent lâchement fusillés par leur gardien le 3 septembre 1941.

Rappelons si vous le voulez bien les faits: La France est occupée et la main d’œuvre manque cruellement dans les fermes en l’absence des hommes. Les allemands soucieux de préserver l’économie agricole qui les nourrissaient,  proposaient alors la mise à disposition de prisonniers pour les gros travaux. C’est ainsi qu’en septembre 1941, en pleine période de battage du blé, une escouade de 5 prisonniers algériens escortée de leur gardien se rend à la ferme du « Poirier Vert ». Après le repas pris sur place, profitant de la somnolence du gardien, l’un d’entre eux s’évade. A son réveil, le gardien paniqué constate qu’un prisonnier est manquant. C’est alors que, par peur de représailles il met en scène un simulacre d’évasion collective en invitant sous la menace de son arme, les 4 prisonniers restants à prendre le chemin tout proche. Une fois sur place il fait feu sur le petit groupe, touchant mortellement 3 d’entre eux, le quatrième réussira à s’évader et ne sera pas repris.

Ce sont les corps de ces 3 prisonniers qui reposent ici devant nous et pour qui ces sépultures ont été restaurées.

Ces soldats de l’armée française que l’on évoque aujourd’hui, qui étaient-ils ? un tirailleur algérien et 2 militaires du bataillon de Pionniers.

– Seta Ali né en 1909 à Setis

– Farci Ahmed né en 1909 El Gor Oran

– Abdel Malek Mazouz né en 1906

Conseillères municipales lors du dépôt de gerbes

Dés le début du conflit, ces hommes, venus d’Algérie française, parfois eux-mêmes fils de combattants de la guerre 14-18, ont répondu présents à l’appel de la France pour aller combattre loin de chez eux.

Plus tard, pour la libération de notre pays par l’armée de Provence, 40% des effectifs étaient des soldats musulmans. Rappelons également qu’en août 1944, l’armée du général de LATTRE de TASSIGNY, était composée d’un grand nombre de Français d’Afrique du Nord, de toutes confessions d’ailleurs : juifs, catholiques, musulmans… Au total, plus de 70 000 musulmans et sans doute davantage, participèrent à la libération de la France.

Le général de GAULLE en décorant bon nombre d’entre eux, voulait ainsi montrer, que c’était des hommes venant de partout qui avaient contribué à la libération de notre pays.

Nous allons donc dévoiler les 3 stèles

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Vincent HULOT, lors de l’ inauguration des nouvelles stèles

qui rappellent ce tragique épisode de notre histoire locale. Nous voulons ainsi, au-delà de ce devoirs de mémoire, identifier les soldats qui ont laissé leur vie sur notre territoire. Ces hommes n’étaient pas des inconnus, mais ils étaient des anonymes. Non pas que l’on voulait les oublier mais, puisqu’ils n’étaient pas nés en France, sur notre territoire, ils ne pouvaient pas figurer sur les monuments aux morts. Il était temps que nous puissions accomplir cet acte de justice. C’est fait aujourd’hui. Maintenant, ces soldats musulmans tombés pour notre pays pourront être connus de tous et surtout de leurs propres enfants ou petits-enfants.

Cet hommage qui s’adresse aux morts est également tourné vers les vivants. C’est un appel au respect : au respect des morts d’hier, ceux qui ont combattu pour nous. Mais c’est aussi un appel au respect des vivants qui nous oblige à lutter contre les discriminations, les inégalités, pire encore, le racisme. Ce principe est inscrit depuis deux siècles dans notre déclaration des droits de l’Homme; pourtant, il nous faut y  être toujours et encore, particulièrement vigilants.

La France, elle est riche de sa diversité, mais elle est surtout forte de son unité. Aux descendants de ces soldats, où qu’ils soient, nous leur disons ici notre gratitude. A ceux qui sont en France, devenus Français, pleinement Français, je leur dis aussi combien ils peuvent être fiers de leur pays et de leurs parents, et conscients que la République a une dette à leur égard. Notre commune n’oubliera pas le prix du sang versé. Elle gardera en mémoire les noms de ceux qui se sont battus pour notre liberté, sans distinction d’origine, ni de religion.

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Je vous remercie de votre attention, vous tous qui avez bien voulu se joindre à nous pour effectuer ensemble, ce devoir de mémoire.

Il nous reste à couper le ruban et dévoiler les stèles nouvellement installées pour que chacun puisse ainsi les découvrir.

Discours prononcé par Francis Cotereau, 1er adjoint, au cours de de la cérémonie d’inauguration des nouvelles stèles des sépultures des 3 prisonniers français musulmans d’origine algérienne, fusillés le 3 septembre 1941 à Bernay-en-Champagne.

Mesdames et messieurs,

Il est bon de rappeler en effet la façon dont les travaux de restauration se sont déroulés.

Tout le monde à Bernay, ou du moins beaucoup de monde, avait connaissance de ces trois sépultures musulmanes ici présentes, même si l’histoire avec le temps, avait fait oublier les circonstances exactes de la tragédie qui frappa ces 3 soldats prisonniers.

Ces sépultures ont fait l’objet d’une première restauration il y a moins d’une dizaine d’années et ce, grâce aux financement conjoints de la municipalité et de la section communale des anciens combattants de Bernay. Saluons d’ailleurs l’initiative de Claude LEBOUCHER, déjà à cette époque président de l’association des anciens combattants, qui comme tous les autres membres de la section, sont des anciens de la guerre d’Algérie.

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Discours de Francis Cotereau, 1er adjoint à la municipalité de Bernay-en-champagne

Des stèle en bois indiquaient depuis lors l’existence de ces 3 sépultures.

Convaincus d’avoir fait ce que nous devions faire, c’est la conscience pleinement tranquille que notre commune semblait s’être acquitté de son devoir. Un appel téléphonique en juin dernier de madame CABOURG du Pôle des Sépultures de guerre et des hauts lieux de la mémoire nationale, antenne du ministère de la défense nationale , devait nous prouver le contraire. En effet, une remarque leur avait été formulée, signalant l’état trop rudimentaire de ces 3 tombes.

La municipalité ouverte à toute suggestion, une rencontre s’est tenue en novembre en mairie où la représentante du ministère proposait le financement de nouvelles stèles. En contre partie, la commune s’engageait à mener les travaux d’aménagement.

Les frais occasionnés par cette restauration ont été alors inscrits au budget municipal 2015 et les travaux confiés au chantier d’insertion du Centre social de Conlie.

Les plans et les indications d’aménagement donnés par Madame CABOURG, ont permis à l’équipe d’insertion du Centre Social, sous la responsabilité de madame BILON, encadrant technique, de réaliser les travaux au cours de ces dernières semaines.

Aussi devant la qualité de la réalisation, nous tenons à remercier chaleureusement tous ces intervenants qui ont contribué, de par leur implication, à conduire à bien ce projet.

Au nom de la municipalité, je voudrais manifester toute notre satisfaction d’avoir accompagné cette restauration et vous dire combien nous nous réjouissons de la réussite finale.

Claude Leboucher, président des anciens combattants de la commune, faisant lecture du mot adressé par madame Cabourg, chef du secteur du pôle des sépultures de guerre et des hauts lieux de la mémoire nationale.

Dans l’impossibilité d’être parmi vous pour cette cérémonie à laquelle m’avait gentiment conviée Monsieur le Maire, je tiens à vous adresser ces quelques mots.

Si je fus l’instigatrice de ce projet suite à un courrier émanant d’un sarthois, j’ai essayé d’apporter ma petite contribution à la réalisation de ces travaux par quelques conseils d’aménagement, par la fourniture des emblèmes et des plaques d’identification, mais aujourd’hui tout le mérite revient à la municipalité qui sous l’impulsion de son maire a émis un avis favorable pour la rénovation de ces 3 tombes.

Je tiens à adresser toutes mes félicitations et mes sincères remerciements à tous les intervenants qui ont participé à la concrétisation de ce projet, tout particulièrement à monsieur COTEREAU, 1er adjoint , qui a conduit les travaux , à toute l’équipe d’insertion du centre social qui a effectué ce travail avec beaucoup de soin et de rigueur pour mettre en valeur ces 3 sépultures de soldats morts pour la France .

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